Namibie, la beauté du désert

Notre voyage en Namibie démarre avec notre arrivée a Windhoek le 18 novembre en fin d’après midi. On descend de l’avion, l’air est bouillant et sec, c’est le début de l’été austral. J’imagine le temps qu’il doit faire en ce moment en France…

On prend un taxi direction le centre ville. La première impression qui se dégage c’est le calme. On file sur cette route quasi déserte au milieu de collines arides pendant 45 min. Arrivés dans le centre ville, on roule dans de larges avenues propres et ordonnées. Les voitures ne sont que de gros 4×4 et de belles berlines. Les enseignes et les noms des rues sont en allemand. De temps en temps une vieille voiture surchargée d’autochtones passe… ouf, on ne s’est pas trompé de destination, on est bien en Afrique.

Apres une nuit au sympathique chameleon backpacker, on fait rapidement le change et les réservations pour les nuits de camping à Etosha.

L’après midi on prend possession de notre 4×4 toyota équipé camping chez le loueur, et après quelques courses de vivres, on file vers le nord direction le safari à Etosha et ses animaux.

On ralliera le parc en 3 jours de voyage et après détour par le plateau de Waterberg. On y a fait une jolie balade, accompagnes par les marmottes et les baboons.

Et on repart vite car il faut dire qu’en Namibie, les distances sont longues et qu’on a beaucoup de route a faire (on fera 6000 km en tout).

Etosha

Il est toujours rigolo de regarder les choses après coup. Et pour Etosha, c’est vraiment le cas.

Nous avons passé 3 jours de safari en 4×4 dans ce parc naturel immense, aussi grand que 2 ou 3 de nos départements. On est comme des gamins devant nos premieres gazelles, buffles et springboks (disons le des a présent, au bout de 3 jours, on ne s’extasiera plus du tout devant !).

Nous sillonnons la reserve sur les pistes de graviers, seuls, sans guide ou car de touristes…. Dans Etosha, on deambule seul.

Ici, interdiction de sortir du véhicule et priorité aux animaux donc lorsque qu’un troupeau de zebres decide de se planter devant le 4×4…. On attend !

Chance inouïe le premier jour : nous croisons un couple d’anglais qui nous indique ou ils ont vu un lion (c’est comme ça qu’on fait dans Etosha quand on croise un autre véhicule). On “fonce”. On est la depuis quelques heures et commencer notre Big Five avec le lion, c’est plutôt pas mal.

Et on n’a pas été déçu : il est la, en train de ronfler, a cote de la carcasse d’une girafe. On est a 8, peut-être 10 mètres maximum. Notre présence finit par le réveiller. Alors, paresseusement, il se décidé a terminer son dîner en s’attaquant aux entrailles de sa proie. On entend sa lente mastication : c’est impressionnant. On est fasciné.

Et on va encore passer 2 jours comme cela, alternant les moments de lassitude et les moments d’émerveillement. Lassitude car rouler pendant des heures sans apercevoir la moindre bête, c’est franchement pénible… mais en même temps, quand vous tombez nez a nez avec un rhinocéros ou un éléphant au détour d’un virage, ça vaut le coup.

Kaokoland : le pays Himba

Après notre safari, on prend la direction d’Epupa la pointe nord de la Namibie, à la frontière avec l’Angola. On roule quelques heures encore sur ces grandes plaines salines pour atteindre une zone plus montagneuse, la région d’Opuwo.

Opuwo…. Ici, on est dans la capitale du pays Himba et on découvre en particulier les femmes himba déambuler dans l’artère principale. Ca surprend beaucoup au début. Elles sont en habits traditionnels: une sorte de jupe en peau, une lourde ceinture de fer, les seins nus, les cheveux en dreadlocks et surtout, leur peau intégralement recouverte d’une boue ocre et odorante. Tout étonne. Au final, on s’y habituera vite. On fait le plein du 4×4 rapidement et on part vers Epupa.

A partir de là, plus de route goudronnée, seulement une piste interminable. On traverse de longues plaines encerclées de montagnes. La fin de journée approche, la lumière rasante donne une atmosphère très singulière. On découvre peu à peu le pays himba fait de camps de huttes en bois et torchis. Les plaines, constituées de terre ocre et de rocaille blanche sont recouvertes de petits arbres et arbustes. On roule prudemment, il y a beaucoup de passages à gué.

On arrive enfin à Epupa juste avant le coucher de soleil. On est stupéfait par la beauté du lieu. C’est une oasis de palmiers et de verdure le long du Cunene. Le lieu est d’autant plus improbable que l’on a traversé une région semi aride pendant toute la journée. On va se poser au campsite ; la tenancière nous demande combien de temps nous allons rester. On lui répond une nuit ou deux. Au fond de moi je me dis « une nuit, peut être deux, ou alors une vie entière… » 🙂

Le lendemain on décide d’aller explorer la région, et pour sympathiser avec les autochtones, on fera taxi brousse. On n’a pas été déçu, on n’a pas arrêté de prendre les gens sur le bord de la route. Certains ont été surpris et touchés, car peu de « blancs » font ça car ils ont peur » nous dira notre guide le lendemain. En tout cas c’était sympathique, même si on ne pouvait pas converser avec eux par absence d’un langage commun.

Le lendemain, nous souhaitons aller visiter une école et un village himba. On a vraiment hésité avant d’y aller, ne voulant pas être voyeuristes et se rendre au zoo comme le laissaient suggérer les brochures des tour operators. Mais bon, comment ne pas être fasciné par ces femmes et ces hommes que l’on n’arrête pas de croiser sur les routes ? Notre curiosité étant la plus forte. on finit par se décider. Mais on essaiera d’être respectueux.

Après avoir acheté cahiers, stylos et vivres, on embarque un jeune himba qui fera office de guide et de traducteur pour la journée. D’abord, la visite de l’école. Ca se fait rapidement. On discute avec le directeur, il nous explique le fonctionnement de l’école et les difficultés rencontrées. Il est sympathique, et on sent encore une fois que c’est quelqu’un pétri de bonne volonté, face aux difficultés du métier : un budget pour un repas par jour alors qu’il doit en faire 2, et des élèves bien souvent absents le lundi matin (les himbas étant nomades, ils ne perçoivent pas vraiment l’utilité de l’école pour le moment). On lui remet cahiers, stylos et quelques kilos de riz pour que les enfants aient un repas du soir convenable.

Direction maintenant le village. On se gare devant les barrières de bois, le guide part demander si les villageois acceptent notre visite. Il revient au bout de quelques instants, c’est ok. Nous entrons, saluons une femme qui prépare un repas, on s’assied à ses côtés. Rapidement, une dizaine d’enfants se joint a nous, sagement. L’un d’entre pleure à l’écart du groupe, il a peur de moi, de ma (relative) grande taille, de ma couleur de peau.

Nous posons beaucoup de questions sur les modes de vie. Elle y répond gentiment. Nous sommes invités à partager le repas sous l’abri au milieu du village. D’autres femmes nous rejoignent. Bon, on goûte le repas fait de purée de farine de mais et de bœuf bouilli, mais on ne pourra pas faire plus, le goût est trop fort.. Nos goûts culinaires sont si éloignés. Ils insistent (le guide inclus), on décline poliment.

L’échange prend une autre tournure. Les femmes nous posent maintenant des questions sur les rapports homme/femme. Elles veulent savoir en gros si on a la même liberté de mœurs que les himbas. Nous expliquons que chez nous, chacun décide (ou pas :), mais que « l’exclusivité » reste la norme de la culture judéo-chrétienne. L’une d’entre elle fait un signe de désapprobation mêlé d’incompréhension avec la tête qui trahit bien nos différences… Elles ne comprennent pas.

J’essaie le digestif fait d’herbes locales. C’est un tabac à priser 🙂 Madame n’osera pas. Le guide me met en garde, me dit que c’est fort. Malgré mes questions, je ne saurai pas la composition exacte du mélange, mais j’essaie quand même. C’est fort, ça pique le nez, mais guère plus. Le guide qui a également essayé aura du mal à s’en remettre. Faut dire qu’il y ait allé plus franchement que moi 🙂

Le guide nous fait ensuite la visite du village et nous explique les croyances et coutumes du peuple himba. On fait une séance photo avec les enfants du village, ils passeront dix bonnes minutes à examiner ma main et mon bras. Le guide me confirmera que j’étais leur “premier blanc ».

Nous quittons le village en saluant ses habitants. La premiere pensée qui nous vient à l’esprit, c’est l’extrême dénuement de ces gens. Ils vivent avec… Rien.   Mais vraiment rien ! Un jerricane plastique d’eau est un trésor pour eux. Nous avons bien scruté le village, et n’y avons vu aucun objet autre que ceux fabriqués par eux même avec leurs ressources (peaux, terre, bois). Seuls quelques récipients plastiques trahissent l’époque à laquelle nous sommes.

En route vers le sud

On quitte le pays himba pour descendre vers la Skeleton coast. La route d’Opuwo à Twyfelfontein est une succession de paysages hallucinants, tous plus impressionnants les uns que les autres. On s’extasie sans arrêt… Appuyant frénétiquement sur l’appareil photo dans l’espoir -malheureusement vain- de capter les nuances de ces terres ocres, rouges, vertes, brunes, noires.

Ce n’est pas un mais des déserts que nous traversons. J’ai l’impression d’être dans un bouquin de Cormac McCarthy. C’est sublime, sans fin, un goût de solitude absolue.

Et la route se poursuit encore et encore sur ces plateaux à perte de vue. De la terre. De la roche. De la poussière. Et des teintes toujours plus subtiles !

Et soudain, on aperçoit l’océan. La Skeleton avec ses épaves de bateau s’étend devant nous. C’est à la fois fascinant et angoissant. Il fait gris. Le vent souffle. Les températures sont presque froides. Et partout le sable blanc-blond, le vide implacable.


La route de sel qui descend vers Swakopmund est lisse comme du bitume (enfin!). L’ambiance est fantomatique. Il faut dire que ce sont les épaves et sites abandonnés de ce rivage qui lui ont donné ce nom.Au bout de quelques heures de route de ce no man’s land, nous arrivons à Swakopmund.  Les bâtiments sont peints de couleurs vives – des rouges, des jaunes, des mauves… Étrange… Aurions nous basculé dans la Quatrième Dimension ? Pas impossible quand on voit le camping où on a atterri ! Du gazon, des palmiers, une cuisine et une salle de bain privée… Il n’y a pas à dire, tout cela donne une atmosphère étonnante à cette ville coincée entre dunes de sable et opulence. Ce confort cosy et propret semble complètement disproportionné par rapport à cet environnement austère et rude. Nous sommes véritablement dans une enclave allemande. Ici on n’a pas l’impression que la colonisation est terminée…

Namib Naukluft

Après une pause au sein de la civilisation ;-), nous reprenons la route. Cette fois, nous longeons le désert du Namib, temps fort de notre voyage en Namibie, en direction du sud ouest. Petite balade dans l’un des canyons du Naukluft et baignade dans l’eau fraîche des vasques translucides. Soit dit en passant, la balade sera fatale à l’appareil photo… donc ce n’est pas votre écran qui déconne, nous avons pris des grains de sable sur le capteur.


Et on l’a achevé en allant faire les zouaves sur les dunes de Sossuslvei. Vous savez, ces fameuses dunes de Namibie que l’on voit sur toutes les photos, bouquins ou brochures évoquant ce pays. Eh bien on s’est levé à 4h pour aller gravir l’une d’elle et faire le lever de soleil là-haut (oui, oui… On a même la photo qui le prouve!!). On s’est même dit qu’on allait s’enfoncer un peu plus avant dans les dunes. Après tout, on a un 4×4… Bon, ca a été un peu tendu mais on s’en est sorti s’en enliser l’engin.

On a repris la route du désert, toujours plus vers le Sud. Et toujours ce sable à perte de vue. Ca laisse vraiment rêveur… Quand on pense qu’au siècle dernier, des hommes et des femmes se sont aventurés là, probablement avec quelques cheveux et carrioles et que nous, on se dit régulièrement  qu’il ne faut vraiment pas tomber en panne … Malgré notre gros 4×4, nos 2 pneus de rechange et nos réserves d’eau et de nourriture.

Et Luderitz est encore plus hallucinante que Swakopmund. On se croirait en Bavière. Cette ville semble hors du temps, nous sommes sous le charme.
Nous passons la soirée à l’abri du vent dans le camping-car de Jérôme, Lise et de leur fils Bruce. Encore merci à eux pour l’apéro et le dîner.

Fish River

En route pour le Fish River Canyon, la frontière sud de la Namibie et THE canyon tant attendu de notre voyage en Namibie Et bien je vous confirme : nous sommest aux anges ! Enchaînant les « ah c’est beau… C’est magnifique ».

Bon il faut dire que c’est vrai. C’est énorme, impressionnant, immense. En plus, c’est drôle : ce n’est pas comme chez nous… Des canyons dans les montagnes. Non. Là, vous roulez dans une plaine, pendant des heures et tout d’un coup, vous vous retrouvez devant cette crevasse profonde aux couleurs bigarrées. Placé juste derrière le grand canyon US, il faut reconnaître que le spectacle en jette. On est planté là, devant cette déchirure terrestre, essayant tant bien que mal de jouer les géologues et déchiffrer (avec l’aide du lonely planet -quelle référence!) les strates de cette faille. Impossible de descendre. A cette période, c’est interdit. Trop chaud. Mais j’en connais un qui trépigne à l’idée de revenir et de se faire le trek de 5 jours qui permet de le découvrir pleinement. On a bien essayé de suivre la piste qui longe le canyon mais on a dû rebrousser chemin au bout d’une douzaine de km. C’était trop impraticable.

Sur ce, on a rejoint l’autre extrémité, Ais Ai. Et là on s’est fait un peu beaucoup plaisir. On s’est loué un « petit » chalet… Juste 200m2 avec jacuzzi extérieur sous les étoiles. Ils n’avaient pas plus petit. Il fau dire que ce pays plus grand que la France n’a que 2 millions d’habitants. Le m2 n’ a pas la même valeur que chez nous…. Ca aussi ça laisse rêveur…

On profite au maximum du chalet (rappelons que la tente de toit sur le 4×4, ça gonfle un peu au bout d’un moment) et on reprend la route pour Windhoek. Et oui, c’est fini.

Nous quittons la Namibie avec des souvenirs et images extraordinaires, Je recommende vraiment ce pays comme destination de voyage (sauf à ceux qui n’aiment pas le désert).

D’ailleurs je me souviens de cette phrase de Tony Wheeler qui disait que c’était peu connu, mais que la Namibie était l’un des plus beaux pas de la planète. Effectivement, après avoir pas mal voyagé dans le monde, cela reste pour moi le plus beau pays visité.